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Réduire l’écart entre les genres dans le secteur de l’investissement à vocation sociale
11 mai 2023
Investir dans les jeunes entreprises dirigées par des femmes, c’est bien plus que cocher une case; c’est financer l’innovation pour résoudre certains des plus graves problèmes sociaux et environnementaux de notre époque.
Il est déplorable qu’en 2023, l’écart de rémunération entre les genres demeure une réalité. Pire encore, quand il s’agit d’obtenir du financement pour les jeunes entreprises, les femmes sont pratiquement invisibles : les équipes formées d’entrepreneuses attirent
moins de 2 %
des fonds disponibles.Les femmes cumulent les obstacles, passant 50 % plus de temps à participer à 50 % plus de réunions que les hommes, et ce,
en échange d’un financement moindre
. Les entrepreneuses doivent régulièrement faire plus avec moins que leurs collègues masculins, car elles sont confrontées à des préjugés et à un sous-investissement systématique qui persistent depuis des décennies. Non seulement permettre à ce gouffre entre hommes et femmes de perdurer est irresponsable, mais cela nuit aussi à notre économie. Certains économistes
estiment
que si 10 % plus de PME étaient dirigées par des femmes, le produit intérieur brut du Canada augmenterait d’environ 150 milliards de dollars.C’est dire que le secteur à vocation sociale a un rôle à jouer : pour creuser cet écart, nous devons investir délibérément dans plus de projets menés par des femmes et représentatifs de la diversité. Ce faisant, nous n’aiderons pas seulement les femmes. Après tout, la diversité sur le plan du genre est indissociable de la croissance économique. Autrement dit, elle est bonne pour les affaires.
Une véritable égalité des chances
Le
Fonds pollinisateur de TELUS pour un monde meilleur
tient à investir tôt dans les projets menés par des femmes. À l’heure actuelle, plus de 40 % de notre portefeuille se compose d’entreprises dirigées par des femmes.Nous avons plusieurs beaux exemples des possibilités et des nouveaux points de vue qui émergent quand on investit davantage dans les entreprises en démarrage dirigées par des femmes.
Mycocycle
, par exemple, propose un moyen novateur de transformer les sous-produits chimiques toxiques en un matériau réutilisable qui sert ensuite à fabriquer d’autres produits. C’est Joanne Rodriguez, fondatrice de l’entreprise, qui a inventé cette méthode de mycoremédiation (laquelle utilise des champignons pour dégrader les polluants et décontaminer l’environnement) après avoir travaillé pendant 30 ans dans le secteur des matériaux de construction.Notre investissement dans Mycocycle
reflète notre engagement à appuyer des solutions environnementales novatrices. Ici, nous contribuons à une économie en boucle fermée qui convertit les déchets en matériaux revalorisés. Cela dit, nous avons encore du pain sur la planche.
Le problème va au-delà des processus décisionnels en matière de capital-risque. Les groupes qui attribuent les capitaux ne sont tout simplement pas représentatifs de la diversité, et les préjugés (même inconscients) font partie intégrante du processus d’évaluation des entreprises. Environ quatre sociétés de capital-risque sur cinq n’ont
jamais nommé
de femme à un poste de haute direction. Une autre étude
constate que les investisseurs en capital-risque sont plus réticents à prendre des risques avec les entrepreneuses. Face à un homme, ils posent des questions sur les gains à faire; devant une femme, ils s’inquiètent des pertes. Le manque d’investissement pour les femmes au stade du démarrage d’entreprise (fonds de préamorçage ou d’amorçage) a un effet domino. Moins de projets menés par des femmes se rendent en tour de financement de série A, B ou C, ce qui perpétue le cycle des préjugés. Impossible de financer un entonnoir qui n’existe pas.
Pour renverser la tendance, il nous faut plus de femmes occupant des postes décisionnels parmi les investisseurs en capital-risque. Nous pourrons ainsi créer un cercle vertueux fondé sur le soutien et l’innovation. En effet, les femmes sont
trois fois plus susceptibles
d’investir dans des entreprises dont la PDG est une femme, et les entrepreneuses cherchent souvent à collaborer avec des investisseuses pour faire croître leur entreprise.Heureusement, le nombre de fonds visant à créer davantage de possibilités pour les entreprises dirigées par des femmes est en hausse. Depuis 2018, la Banque de développement du Canada a aidé 7 500 entrepreneuses par l’intermédiaire du
Fonds pour les femmes en technologie
et d’Excelles – Fonds et lab pour les femmes
, une plateforme qui combine un fonds d’investissement direct et un laboratoire d’innovation. La plateforme d’investissement et de financement The51
réunit quant à elle des femmes et des personnes issues de la diversité des genres qui sont prêtes à investir ainsi que des entreprises en démarrage dirigées par des femmes pour transformer le monde des affaires.Et les retombées économiques de ces efforts? D’après une
étude
du Boston Consulting Group, pour chaque dollar investi, les jeunes entreprises dirigées par des femmes génèrent des revenus de 0,78 $, par rapport à 0,31 $ chez les jeunes entreprises dirigées par des hommes.Une vision d’ensemble
Quand on se tourne vers des espaces qui sont régulièrement négligés (par exemple les projets menés par des femmes ou des membres d’une minorité), on découvre d’innombrables idées novatrices dans lesquelles personne n’a encore investi.
Les femmes ont tendance à voir le monde d’un œil plus inclusif
. Elles imaginent des produits et des services qui offrent un éventail d’avantages, au-delà des retombées économiques. Qui plus est, la recherche montre
que les femmes tiennent compte de facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance lorsqu’elles décident dans quoi investir.Il faut aussi savoir que ces investissements ne sacrifient pas les retombées financières au profit d’une vocation sociale. Au contraire, d’après un
article
du Forum économique mondial, les entreprises dirigées par des femmes tendent à générer des revenus supérieurs à la médiane du marché. Ces projets novateurs sont menés par des entrepreneuses qui, en tant que femmes, ont l’habitude de sortir des sentiers battus. En cette troisième année d’activité, le portefeuille du Fonds pollinisateur de TELUS connaît déjà une croissance positive. Cette croissance est due en partie à la diversité de nos investissements. Le Fonds représente le parti pris de TELUS pour l’action, en action. Il incarne en temps réel notre croyance de longue date voulant que les affaires puissent être un levier social et que faire le bien soit un moyen concret de produire de la valeur pour les entreprises.
Ultimement, nous sommes convaincus qu’investir dans les femmes et leur réussite est essentiel à la création d’une économie plus durable. Il est temps que davantage d’entreprises, de collectivités et d’investisseurs misent à leur tour sur la prochaine génération d’entreprises responsables dirigées par des femmes.
Cet article est d’abord paru sur le site de la revue
Impact Entrepreneur
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Blair Miller
Associé directeur, Fonds pollinisateur de TELUS pour un monde meilleur