Mieux-être numérique / 07 juin 2023

Pornographie : comment en parler aux jeunes?

Matthew Johnson

Matthew Johnson

Directeur de l’éducation, HabiloMédias

Un père et son fils discutent assis sur un banc de parc

La cyberpornographie combine deux des sujets que la plupart des parents n’aiment pas aborder avec leurs jeunes, soit le Web et la sexualité. Néanmoins, il est important d’éviter que les jeunes se tournent vers la porno pour s’éduquer sur la sexualité ou se renseigner sur les relations saines et le consentement.

Les jeunes sont moins nombreux qu’on le pense à rechercher activement la pornographie : d’après l’étude Jeunes Canadiens dans un monde branché d’HabiloMédias, 20 % des élèves de la 1re à la 5e secondaire cherchent de la porno en ligne. En revanche, un tiers des jeunes en voient sans en avoir cherché, et près de la moitié des jeunes prennent des mesures pour éviter d’en voir.

Vu la probabilité que les jeunes voient de la pornographie, sans oublier les nombreux messages à caractère sexuel qui leur parviennent dans les médias, il est important de commencer à leur parler de sexualité et de relations saines dès l’enfance. Moins de la moitié des jeunes rapportent qu’un adulte de confiance leur a déjà parlé de pornographie, mais les trois quarts des jeunes qui en ont parlé à un adulte disent que cette conversation les a aidés.

Si vous apprenez que votre enfant a vu de la pornographie, ne présumez pas de ce qui s’est passé : il pourrait avoir cherché ce contenu par lui-même, mais il pourrait aussi l’avoir trouvé par accident ou en cherchant des renseignements sur la sexualité, ou encore l’avoir reçu d’une autre personne. Demandez-lui ce qui s’est passé avant de poursuivre la discussion :

  • S’il s’agit d’un accident, parlez des moyens d’éviter que la situation se reproduise, p. ex. utiliser des contrôles de contenu, désactiver la lecture automatique et ne cliquer sur aucun lien inconnu.
  • Si votre enfant a délibérément regardé de la pornographie, les astuces ci-dessous vous aideront à discuter de ce qu’il a vu et des émotions qu’il a ressenties.

Cela dit, il n’est pas nécessaire d’attendre qu’un jeune ait vu de la porno pour en discuter avec lui! Il est même recommandé d’aborder le sujet proactivement, tout en tenant compte de l’âge de l’enfant, pour l’aider à éviter la porno et le préparer au cas où il en verrait.

Voici quelques astuces pour discuter de pornographie et de contenu à caractère sexuel avec vos jeunes, et ce, quel que soit leur âge.

Jeunes enfants

Nul besoin d’aborder la pornographie en tant que telle pour préparer un jeune enfant à cette réalité. On peut tout simplement parler de consentement, de stéréotypes de genre, de contenu virtuel, de sexualité saine et de relations saines.

  • Abordez la sexualité, les relations saines et le consentement dès l’enfance. Les enfants sont exposés à toutes sortes d’images à caractère sexuel dans les médias. Il faut donc lancer rapidement un dialogue ouvert et honnête, et créer un environnement ou l’enfant se sent à l’aise de poser des questions.
  • Aidez l’enfant à reconnaître et à critiquer les stéréotypes sexuels et de genre. Soulignez la façon dont les filles et les garçons sont présentés sur les emballages de jouets et dans les catalogues de vêtements, les publicités ou les films. Demandez à l’enfant si ces images sont représentatives des personnes qu’il connaît.
  • Les jeunes enfants voient souvent du contenu inapproprié dans les publicités. Installez des bloqueurs de publicité (extensions ou applications) comme Privacy Badger et Blokada sur tous vos navigateurs et vos appareils.
  • Si votre enfant tombe sur du contenu pornographique, restez calme. Demandez-lui s’il a des questions. Ensemble, prenez des mesures pour éviter que la situation se reproduise. Rassurez l’enfant : dites-lui que toutes ses émotions face à ce type de contenu sont normales et qu’il peut vous en parler n’importe quand.

Ados et préados

La recherche donne à penser que la préadolescence et le début de l’adolescence sont les meilleurs moments pour commencer à parler de pornographie en tant que telle. À cet âge, la meilleure approche est un dialogue continu. Il faut reconnaître que l’intérêt du jeune pour les relations et la sexualité est tout à fait normal, et l’aider à développer l’esprit critique nécessaire pour prendre de bonnes décisions en ligne.

  • Le principal risque associé à la pornographie est qu’elle influence les « modèles sexuels » du jeune, c’est-à-dire ce qu’il pense devoir faire ou ce qu’il pense que ses partenaires attendent de lui. Mais ce risque diminue largement si le jeune est bien renseigné sur la sexualité et les relations saines. En plus de lancer le dialogue, vous pouvez aiguiller votre jeune vers des sources de qualité comme Le sexe et moi, voire explorer ces sources avec lui.
  • S’il est utile d’aider les jeunes à comprendre que la pornographie n’est pas représentative de la réalité, cela n’est pas suffisant, car beaucoup d’entre eux croient aussi que les autres jeunes confondent porno et réalité. Pour déconstruire cette croyance, vous pouvez poser les questions suivantes :
    • « D’après toi, qu’est-ce que les autres jeunes de ton âge pensent de la porno? » (Dites-lui que la plupart des jeunes savent que la pornographie n’est pas réaliste, et ne s’attendent pas à ce que leurs partenaires agissent comme dans un film porno.)
    • « À ton avis, qu’est-ce qu’une personne plus jeune que toi devrait savoir avant de voir de la pornographie pour la première fois? »
  • Fixez des règles claires par rapport aux sites pornographiques. Soyez clair quant à vos valeurs et vos attentes : il s’agit d’un des meilleurs moyens d’influencer le comportement de vos jeunes.
  • Après un certain âge, les mesures de contrôle parental sont moins efficaces, mais les filtres de contenu peuvent limiter le visionnement de pornographie indésirable et réduire considérablement le nombre de vidéos à caractère sexuel qui s’affichent sur les réseaux sociaux comme TikTok et Instagram.

Autre message à transmettre : il n’est jamais acceptable de montrer de la pornographie à quelqu’un sans son consentement. Qu’il s’agisse d’une photo de personne dénudée, d’un lien vers une vidéo porno ou d’un autre type de contenu, soyez clair : votre jeune a toujours le droit de dire « non » s’il ne veut pas regarder ce qu’une autre personne lui montre ou lui envoie. Si l’autre personne ne respecte pas ce « non », dites à votre jeune de la bloquer et de vous avertir immédiatement.

Dans la même veine, découragez la « culture du partage » entre jeunes, qui rend acceptable la transmission d’images intimes sans le consentement du destinataire. Pour en savoir plus, visitez telus.com/PenseAuxConsequences. Les vidéos et les ressources #PenseAuxConséquences sont fondées sur les résultats de l’étude Le partage non consensuel de sextos : Comportements et attitudes des jeunes Canadiens d’HabiloMédias.

Mots-clés:
Téléphones intelligents
Enfants et technologie
Prévention et soutien
Sextage
Santé mentale
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