Journée mondiale de la santé mentale : amorcer la conversation et faire entendre sa voix

Les conversations sur la maladie mentale ont énormément évolué au cours des dernières années. Il semble que les enjeux des temps modernes en matière de santé mentale sortent de l’ombre et que le ton passe lentement du scepticisme et des stigmates à ce qui est plus qu’un murmure d’acceptation. Il reste toutefois beaucoup de travail à faire.

Cette année, le thème de la Journée mondiale de la santé mentale, qui aura lieu le 10 octobre, est : « La santé mentale pour tous » et il ne pourrait mieux convenir. La pandémie de COVID-19 a chamboulé nos vies de tous les jours, et ces temps incertains nous font craindre pour la santé physique de nos familles, de nos communautés, de la nation, de la planète et pour notre propre santé. Chez de nombreuses personnes, cette incertitude n’a fait qu’intensifier la maladie mentale.

Au cours de la pandémie, les Canadiens ont beaucoup souffert de problèmes de santé mentale et de solitude. En fait, plus de la moitié (52 %) ont indiqué que leur santé mentale était « un peu moins bonne » ou « bien moins bonne » depuis l’instauration des mesures de distanciation. Pour les jeunes, la situation est pire. En effet, 64 % des Canadiens âgés de 15 à 24 ans mentionnent que la pandémie a des effets négatifs sur leur santé mentale.

Nous avons vu le monde autour de nous s’adapter radicalement pour favoriser notre santé physique, mais nous avons aussi profité de l’occasion pour braquer les projecteurs sur notre mieux-être social et émotionnel. Les gens sont plus transparents et parlent davantage de maladie, de diagnostic, de traitement, de stratégies, de médication, de rechutes et de progrès. Ces conversations publiques et franches sont essentielles et nous l’avons constaté dans notre travail avec la Amanda Todd Legacy Society.

Depuis le décès d’Amanda et la formation de l’organisme Amanda Todd Legacy, de nombreuses familles et jeunes personnes ont raconté leurs histoires. Chaque récit est unique à sa façon et a nécessité différentes ressources, mais, souvent, le simple fait de raconter leur histoire et de lancer la conversation a permis d'apaiser la douleur. Nous croyons fermement que trouver le courage de s’exprimer peut engendrer des effets positifs sur la santé mentale et même sur la santé physique d’une personne.

En 2019, on m'a souvent posé les questions suivantes à propos de l’organisme : « Quels ont été les principaux objectifs et les principales réalisations de l’organisme? De quelle façon l’organisme est-il venu en aide à d’autres personnes? Pourquoi l’organisme est-il important à vos yeux? » Avant de répondre, il faut souvent que je réfléchisse profondément pour trouver les bons mots, car il n’y a pas de réponses toutes faites. L’Amanda Todd Legacy Society n’a jamais été créée intentionnellement. Ça s’est fait, c’est tout. C’est expliqué en partie dans le documentaire à venir intitulé « Dark Cloud: The High Risk of Cyberbullying » (Sombre nuage : le prix trop élevé de la cyberintimidation), dont la première aura lieu le 10 octobre 2020. Cette date est significative, car elle coïncide avec la Journée mondiale de la santé mentale et aussi parce que cela fait huit ans qu’Amanda s’est suicidée.

Le documentaire raconte l’histoire de cyberintimidation et d’exploitation vécue par Amanda dans les recoins tordus d’Internet, et celle d’autres personnes qui sont aussi devenues des victimes de cyberintimidation. Heureusement, ces personnes sont devenues de solides survivants qui racontent leurs histoires pour qu’on puisse en tirer des leçons et garder espoir. Nous continuons d’apprendre d’Amanda, mais nous ne pourrons jamais l’entendre s’exprimer dans ses propres mots autrement qu’en regardant la vidéo en noir et blanc qu’elle a laissée derrière elle.

Malgré les huit années qui ont passé depuis, la détermination ainsi que le besoin et l’importance de continuer à raconter et à sensibiliser ont pris plus de place dans mon univers; il est nécessaire que l’histoire d’Amanda continue d’aider les autres. Militer pour sensibiliser davantage à la cyberintimidation, à l’exploitation et à la santé mentale est grandement nécessaire.

La Journée mondiale de la santé mentale de 2020 nous rappelle le pouvoir de la parole, et que nous sommes à notre mieux quand tous les aspects de notre santé sont vigoureux, y compris notre santé mentale. Après tout, le mot « santé » englobe tout; le corps en entier, le bien-être total.

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