Médias sociaux / 07 septembre 2023

Omegle expose les enfants à la violence sexuelle

Canadian Centre for Child Protection

Centre canadien de protection de l’enfance

protegeonsnosenfants.ca

Une jeune adolescente sur son téléphone intelligent.

Le slogan d’Omegle – « Talk to strangers » – est sans équivoque : les internautes visitent ce site pour parler à des inconnus.

Sur Omegle, deux cases à cocher sont tout ce qui sépare les enfants d’une myriade de bavardoirs remplis d’inconnus qui se croient apparemment tout permis. Une case demande à l’utilisateur de confirmer qu’il est âgé de 18 ans ou plus, et l’autre, qu’il a lu les conditions générales d’utilisation, la politique de confidentialité et les règles de la communauté d’Omegle et qu’il y consent. Ni l’une ni l’autre n’empêchera une personne de moins de 18 ans d’accéder au site.

Les communications se font par clavier interposé ou par vidéobavardage. Omegle ne demande aucun renseignement identificatoire aux utilisateurs qui entrent dans ces bavardoirs.

Depuis un an, Cyberaide.ca – la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation sexuelle d’enfants sur Internet, gérée par le Centre canadien de protection de l’enfance – reçoit un signalement concernant Omegle tous les deux jours en moyenne¹. Les signalements ont augmenté de 122 % par rapport à 2021-2022² et de 397 % par rapport à 2018-2019³.

Dans une récente Alerte Cyberaide.ca, nous avons rapporté que :

  • Sur les quelque 180 signalements reçus, au moins 120 contenaient des informations à propos d’un individu qui aurait discuté avec un enfant à des fins sexuelles par l’entremise d’Omegle. Les 60 autres signalements concernaient des individus qui auraient partagé des images d’abus pédosexuels par l’entremise de cette plateforme.

  • Plusieurs signalants rapportent que des utilisateurs d’Omegle ont demandé à des enfants et obtenu de leur part des informations pour les contacter en dehors d’Omegle, comme leur nom d’utilisateur sur les médias sociaux ou leur numéro de téléphone. Il semble que les utilisateurs entrent en contact avec des enfants sur Omegle puis déplacent la conversation sur une autre plateforme, une pratique courante dans les cas de sextorsion.

Quels sont les risques pour mes enfants?

1. Exposition à des contenus nocifs

Omegle indique que les vidéos sont surveillées, sans toutefois préciser la nature de ce qui est surveillé, ni la façon dont cette surveillance est exercée, ni le processus de modération de son site. Les utilisateurs ont la possibilité d’entrer dans une section non modérée après avoir coché une case accompagnée d’une mise en garde à cet effet. Autant dans la section modérée que dans la section non modérée, les utilisateurs peuvent être exposés à des contenus sexuels (masturbation, etc.) ou être encouragés à se toucher sexuellement.

Omegle affiche des publicités de sites pornographiques, de « cam sites » et d’autres services sexuels. De plus, des liens vers de la pornographie adulte sont parfois transmis par des inconnus dans des séances de clavardage ou de vidéobavardage. Pendant leur visite sur Omegle, les analystes du CCPE se sont fait transmettre des liens vers des sites pour adultes durant des séances de clavardage, présenter une pub de site porno durant une séance de vidéobavardage et inviter à « poursuivre la conversation » sur d’autres plateformes.

2. Pédocriminels en quête d’enfants

Les utilisateurs d’Omegle, comme ceux de beaucoup d’autres plateformes de médias sociaux et de services de diffusion en continu, ont la possibilité de manipuler des enfants et de les amener à leur transmettre des renseignements personnels ainsi que des photos et des vidéos intimes. Une conversation vidéo peut très bien être enregistrée ou des captures d’écran peuvent être prises, exposant par le fait même les enfants à la sextorsion.

3. Absence de vérification d’âge

Il y a neuf mois, Omegle a fixé à 18 ans l’âge minimum pour utiliser son site, mais les enfants n’ont simplement qu’à cliquer sur trois boutons et à prétendre être âgés de plus de 18 ans pour y accéder.

À la différence des applications distribuées dans les magasins d’applications mobiles, dont le téléchargement est parfois assujetti à des restrictions d’âge, Omegle est un site accessible à partir de tout appareil doté d’un navigateur Web.

4. Options de signalement limitées

Les utilisateurs peuvent signaler toute forme de violence sexuelle sur Omegle aux responsables du site, mais il n’est pas facile de savoir comment. Les analystes du CCPE n’ont jamais pu trouver de bouton de signalement dans un bavardoir d’Omegle.

Pour faire un signalement, il faut d’abord se rendre sur la page d’accueil du site et parcourir les règles de la communauté (Community Guidelines, en anglais seulement). Au quatrième paragraphe, les utilisateurs sont invités à envoyer un courriel intitulé « Omegle-Safety » à [email protected] pour signaler la situation. Dans la phrase suivante, Omegle précise qu’elle se décharge de la responsabilité de faire respecter ces règles, mais que les signalements de violations lui sont utiles.

Omegle affirme néanmoins que les utilisateurs qui ont des comportements inappropriés ou problématiques seront bannis temporairement ou définitivement, mais les analystes du CCPE n’ont rien trouvé sur le site d’Omegle concernant la procédure qui mènerait au bannissement d’un utilisateur.

Quelques précautions

  • Bloquez le site sur les appareils que vos enfants utilisent.
    • Omegle n’est pas un site destiné aux enfants et aucun contrôle parental ne vous permettra de rendre ce site sûr pour vos enfants. Vous pouvez bloquer ce site complètement. Les réglages diffèrent d’un navigateur à l’autre, mais la marche à suivre est expliquée ici.
  • Parlez des dangers d’Internet à vos enfants :
    • Expliquez-leur qu’Omegle impose un âge minimum de 18 ans et n’a pas de mécanismes de sécurité pour préserver les enfants des contenus sexuels ou violents
    • Le vidéobavardage comporte des risques : votre interlocuteur peut vous enregistrer à votre insu. Pour des amorces de conversation sur le bavardage en ligne, consultez la page du site ParentsCyberAvertis.caᴹᶜ consacrée aux risques.
  • Encouragez vos enfants à vous parler des situations bizarres ou désagréables qu’ils rencontrent sur Internet. Insistez sur le fait que même s’ils pensent avoir fait quelque chose de mal, même s’ils sont gênés de ce qu’ils ont fait, même s’ils ont honte, ils pourront toujours vous demander de l’aide; il ne sera jamais trop tard.

Pour en savoir plus visitez: protegeonsnosenfants.ca

Mots-clés:
Téléphones intelligents
Applications et jeux
Sextage
Sextorsion
Santé mentale
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