Cyberintimidation / 26 février 2019

L’héritage d’Amanda Todd et la Journée du chandail rose : les jeunes intimidés encouragent les autres à choisir la gentillesse

Carol Todd

Carol Todd

Mère, éducatrice et militante en matière de sécurité en ligne et de santé mentale

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Le 27 février prochain, je porterai du rose par solidarité avec les dizaines de milliers de jeunes Canadiens courageux qui luttent jour après jour contre l’intimidation, en ligne et dans leur milieu de vie.

La Journée du chandail rose souligne les efforts formidables qui sont déployés à l’échelle du pays pour encourager les jeunes et les adultes à faire preuve de gentillesse, de sincérité et de compassion dans un monde hyper connecté. Cette journée est plus essentielle que jamais, car notre relation avec la technologie  et les appareils intelligents (téléphones, montres, électroménagers, voitures) ne cesse de s’intensifier.

Toutes ces innovations s’intègrent rapidement à la vie et à l’éducation de nos enfants. Malheureusement, il est plus facile que jamais pour les personnes mal intentionnées de s’en servir pour envoyer des photos, des vidéos et des textos blessants. La cyberintimidation a souvent des répercussions dévastatrices sur la santé mentale et physique des victimes. C’est une réalité dont j’ai été témoin personnellement, comme bien parents, familles et amis qui ont vu un proche souffrir de dépression, d’anxiété, de honte et de désespoir à la suite de telles attaques.

Ma fille, Amanda Todd, s’est suicidée en 2012, après avoir été victime d’intimidation, de cyberintimidation et de sextorsion. Depuis son décès, je me suis donné la mission de mettre fin à l’intimidation et de sensibiliser les gens aux problèmes de santé mentale. Des maritimes à la Colombie-Britannique, en passant par le Québec, cet enjeu de société nous touche tous.  Dans le cadre de ces efforts, j’ai eu la chance de rencontrer des jeunes déterminés à apporter des changements positifs dans le monde. Justin Preston et Brooke Boutilier, par exemple, ont transformé leurs propres expériences d’intimidation en récits inspirants d’espoir et de force. Je suis très fière de les voir donner vie au rêve de ma fille qui souhaitait encourager les autres à choisir la gentillesse.

J’ai rencontré Justin pour la première fois il y a quelques années au Tim Horton’s près de chez lui, à Fort Erie. Il m’a immédiatement convaincue qu’il avait notre mouvement à cœur. Après être sorti du placard au début de l’adolescence, Justin a été victime d’abus impensables perpétrés en ligne et dans son quotidien  par d’anciens amis et camarades de classe. Cette persécution lui a donné des idées noires, qui lui ont quasiment coûté la vie. Malgré tout cela, il dégage une énergie et un optimisme sans borne qui font chaud au cœur. Après avoir franchi le cap de la vingtaine, il a fondé un organisme d’envergure mondial qui soutient la santé mentale et la communauté LGBTQ+ en faisant la promotion de l’amour et de l’acceptation de soi et des autres. Justin veut que les victimes d’intimidation sachent qu’elles sont importantes et que leurs émotions et leur vie comptent. Il encourage les jeunes victimes d’intimidation à se confier à un adulte de confiance (enseignant, parent, conseiller) pour obtenir de l’aide. Je vous invite à en apprendre plus sa chaîne YouTube. Bien que Justin ne parle pas le français, son message est pour moi universel. L’espoir qu’il véhicule dépasse les barrières linguistiques.

Brooke est une personne tout aussi inspirante. Cette adolescente de 18 ans de Saskatoon est déjà prête à prendre la barre d’un mouvement collectif visant à rendre le monde numérique sûr et bienveillant. Comme Justin, Brooke a été victime d’intimidation et de cyberintimidation à l’école secondaire. Même aujourd’hui, elle ne sait pas ce qui a provoqué les attaques pernicieuses et souvent haineuses des filles et des garçons qu’elle considérait comme ses amis. En secondaire quatre, elle a  a pris des médicaments, espérant faire une surdose pour « s’endormir et ne jamais se réveiller ». Ce n’est qu’après avoir pensé à sa petite sœur que Brooke a changé d’idée et demandé de l’aide – et je comme maman qui a perdu sa fille à la suite d’un suicide, je lui en suis infiniment reconnaissante. Je ne souhaite à aucune autre famille de passer par là. Les ressources qu’elle est allée chercher lui ont  permis de persévérer et de finir son secondaire, même si l’intimidation a continué,  les rumeurs devenant même  des textos, des appels en pleine nuit et des messages anonymes laissés sur sa voiture la pressant de se suicider.

Aujourd’hui, Brooke raconte son histoire aux adolescents de sa communauté en tant qu’ambassadrice de la Croix-Rouge de la Saskatchewan. Elle souhaite tout particulièrement encourager les jeunes à dénoncer la cyberintimidation dont ils sont témoins. À son avis, il n’y a jamais de « témoin innocent ». Brooke et sa mère, Tennille, recommandent fortement aux adolescents et aux familles vivant une situation semblable de demander de l’aide, que ce soit auprès de la direction de l’école, de conseillers ou de policiers. Tennille nous encourage à dénoncer haut et fort toutes les attaques pour  défendre les jeunes.

La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que Brooke et Justin ne sont que deux voix au sein d’un chœur qui s’élève à l’échelle mondiale contre toutes les formes d’intimidation. Dans le cadre de mon travail avec l’Amanda Todd Legacy Society, je rencontre beaucoup de gens au Canada et aux quatre coins du monde : des préadolescents, des adolescents, des parents, des enseignants, des policiers et des professeurs, des organismes comme la Fondation Jasmin Roy, qui ne demandent qu’à éradiquer ce fléau social. C’est le moment où jamais de passer à l’action.

Personne ne mérite d’être intimidé, et personne ne devrait souffrir seul.

C’est principalement pour cette raison que je continue de collaborer avec TELUS, je veux informer les jeunes et moins jeunes au sujet de leurs rôles et responsabilités dans notre monde hyper connecté. Ce travail a notamment donné naissance à Mon engagement de bonne conduite en ligne de TELUS Averti qui encourage les Canadiens à jouer un rôle actif afin de rendre le monde en ligne plus  sécuritaire pour tous.

Les parents et les jeunes peuvent consulter le matériel éducatif offert gratuitement sur le site de TELUS Averti pour apprendre à mieux gérer leur données personnelles, leur sécurité et leur réputation en ligne. D’autres outils pour aider les jeunes, les parents, les enseignants et les entraîneurs à vaincre l’intimidation sont disponibles à telus.com/zerointimidation.

J’ai bon espoir qu’un jour, la cyberintimidation sera chose du passé. En joignant nos efforts à ceux de Justin, de Brooke, de la Fondation Jasmin Roy et de tous ceux qui véhiculent des valeurs de bienveillance et de compassion, nous pouvons vraiment changer les choses. Je vous demande à tous de soutenir nos efforts en portant fièrement du rose (t-shirt, chapeau, bracelet) lors de la Journée du chandail rose. Vous pouvez aussi répandre la nouvelle sur les réseaux sociaux avec #JournéeDuChandailRose, #ZéroIntimidation et #TELUSAverti.

En mémoire de ma fille, je vous encourage à faire preuve d’une passion, d’un enthousiasme et d’un soutien inégalés envers la cause à l’occasion de la Journée du chandail rose. En poursuivant la conversation et notre lutte tout au long de l’année,  je suis convaincue qu’ensemble, nous pouvons mettre fin à l’intimidation.

Mots-clés:
Santé mentale
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