Sécurité en ligne / 12 juin 2019

Avez-vous discuté du surpartage parental?

Nimmi Kanji

Nimmi Kanji

directrice générale, programmes à vocation sociale : TELUS Averti et TELUS pour l’avenir

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Avez-vous discuté du surpartage parental?

Pensez à votre fil d’actualités Facebook ou Instagram. Combien de publications comprennent des photos ou des vidéos des enfants de vos amis (ou des vôtres)? Dans son rapport de 2018, Le bien-être numérique des familles canadiennes, HabiloMédias, le centre canadien d’éducation aux médias et de littératie numérique, indique que 73 pour cent des parents partagent parfois des photos et des vidéos de leurs enfants et écrivent des articles de blogue à leur propos.

Cette pratique est tellement courante maintenant (l’an dernier seulement, le concours vidéo des bonbons d’Halloween de Jimmy Kimmel [en anglais] a reçu plus de 1 000 candidatures) qu’elle a son propre nom. Le surpartage parental. Le terme a même été ajouté au Grand dictionnaire terminologique de la langue française en 2019 et y est défini comme une pratique qui consiste à partager, souvent et en grand nombre, des photos ou des vidéos de ses enfants ou petits-enfants sur les réseaux sociaux.

Peu importe la façon dont vous faites du surpartage parental, une chose est certaine : chaque image ou vidéo que vous publiez à propos de vos enfants devient une partie de leur identité numérique, qui les suivra tout au long de leur vie. En gardant cela en tête, vous pouvez profiter de cette occasion pour parler avec vos enfants de ce qui est publié en ligne à propos d’eux et de leur identité numérique en général.

Amorcer la conversation

Vous avez donc décidé de parler du surpartage parental à vos enfants, des limites de publication et de leur identité en ligne, mais de quoi devez-vous parler exactement? Prenez ces trois angles en considération :

  1. Émotionnel : Comment mes publications te font-elles sentir?
  2. Pratique : Est-ce que ça te convient si je partage des photos de toi et si je raconte des anecdotes te concernant en ligne?
  3. Stratégique : Comment peux-tu gérer la protection de ta vie privée en ligne?

Émotionnel : Parlez des sentiments

Vos enfants ne savent peut-être pas ce qu’est le surpartage parental, mais je peux vous garantir qu’ils peuvent vous dire comment ils se sentent lorsque vous (ou n’importe qui d’autre) publiez quelque chose à leur sujet en ligne.

Dans un sondage sur l’âge de consentement de 2018, McAfee a trouvé que seuls 23 pour cent des parents pensent que de publier une photo de leurs enfants en ligne pourrait leur causer de l’anxiété ou les inquiéter, alors que 30 pour cent d’entre eux pensent que leurs enfants pourraient être embarrassés par la photo. Toutefois, selon un sondage de ComRes, plus d’un enfant sur quatre de 10 à 12 ans se sent embarrassé, anxieux ou inquiet quand ses parents publient des photos de lui en ligne.

Il est important de jauger la façon dont vos enfants se sentent lorsque d’autres personnes ou vous publiez des choses les concernant en ligne. Quand vous les encouragez à exprimer leurs sentiments ouvertement et souvent, ils acquièrent la capacité d’affirmer ce qui les rend mal à l’aise dans les publications en ligne. Avoir ce type de conversation peut aussi les inciter à penser à l’influence de leurs publications sur la façon dont les autres se sentent.

Pratique : Parlez du consentement

Le sondage sur l’âge de consentement de McAfee a indiqué que 58 pour cent des parents ne demandent pas la permission à leurs enfants avant de publier des photos d’eux sur les médias sociaux. Pourquoi? De ce chiffre, 22 pour cent des parents croient que leurs enfants sont trop jeunes pour donner leur permission et 19 pour cent affirment que c’est leur choix, et non celui de leurs enfants.

Pourtant, les enfants ne sont pas d’accord. Cet article de février 2019 publié dans The Atlantic souligne la frustration et le désarroi que certains enfants ressentent lorsqu’ils découvrent à quel point leur vie est documentée en ligne, et ce, dans beaucoup de cas, avant qu’ils aient leurs propres comptes sur les médias sociaux. Les parents publient des histoires personnelles et des photos. Les écoles parlent de leurs sorties. Les photos de camp de jour, les résultats de leurs équipes de sport et leurs devoirs sont partagés.

Les enfants en sont conscients. Peu importe leur âge, il n’est jamais trop tôt pour commencer à discuter de consentement avec eux. Ces conversations leur apprennent qu’ils ont la responsabilité d’établir des limites dans leurs vies privée et numérique.

Si vous prenez une photo et que vous voulez la publier, demandez d’abord la permission. « J’aime beaucoup cette photo de toi et j’aimerais la partager sur {insérer le média social de votre choix} pour que nos amis et notre famille puissent la voir. Qu’en penses-tu? » Si la réponse est non, respectez-la. Cette conversation peut non seulement vous aidez à respecter le choix de vos enfants, mais aussi les influencer à obtenir le consentement des autres avant qu*’ils* partagent des photos et des vidéos de ces personnes.

Stratégique : Parlez de la protection de leur vie privée en ligne

Vous pouvez présenter les bons comportements que vous avez adoptés dans le monde numérique lors de votre conversation sur le surpartage parental. Expliquez que vous aimez inclure vos amis et votre famille dans les événements importants et familiaux en publiant en ligne, mais que vous limitez la visibilité de ces publications à des groupes précis.

Aidez-les à maîtriser les médias sociaux en leur montrant vos paramètres de confidentialité et vos autorisations dans différentes applications. Par exemple, montrez-leur comment vous gardez vos comptes Facebook et Instagram privés et que vous acceptez seulement les demandes d’amis des personnes que vous connaissez et que vous ne suivez que ces dernières. Puis, allez un peu plus en profondeur. Parlez de vos choix de publications et des règles que vous avez pour établir ce qui est acceptable et sécuritaire de partager en ligne.

Si vos enfants sont assez vieux pour avoir leurs propres comptes sur les médias sociaux, demandez-leur de quelle façon ils gèrent leurs comptes et déterminent ce qu’ils peuvent publier. Ont-ils leurs propres règles? Ont-ils l’autorisation d’identifier ou de publier des photos des membres de leur équipe de hockey, de leur groupe de musique ou du conseil étudiant? Faire part de vos connaissances, de vos limites et de vos actions les incitera à être plus attentifs au niveau de contrôle qu’ils ont sur leur identité en ligne.

Certaines personnes font du surpartage parental. D’autres s’en abstiennent complètement. Ce choix dépend des préférences personnelles de chacun et des limites que vous avez dans votre famille. Si vous faites du surpartage parental, incluez vos enfants dans vos décisions de publications. Prenez une décision collective sur ce que vous publiez et sur les personnes qui peuvent voir le contenu. De cette façon, vos enfants deviennent plus habiles à établir et à communiquer leurs propres limites ainsi qu’à prendre en main leur identité numérique.

Mots-clés:
Courtoisie en ligne
Habitudes sécuritaires en ligne
Enfants et technologie
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