TELUS élargit la portée de ses technologies agricoles grâce à son avance dans le cycle de financement de série B d’AgriWebb visant à amasser 23 millions de dollars

Le 21 janvier 2021

Jack Ellis

AgriWebb, un fournisseur australien de logiciels de gestion agricole, a recueilli 30 millions de dollars australiens (23,3 millions de dollars) dans le cadre d’un cycle de financement de série B, ce qui lui donnerait une valeur supérieure à 100 millions de dollars australiens (77,7 millions de dollars).

L’opération a été menée par TELUS Capital de risque, l’organe d’investissement stratégique de TELUS au Canada, qui a rapidement accru sa présence dans le secteur des technologies agricoles au cours des derniers mois.

En novembre dernier, l’entreprise de télécommunication a lancé TELUS Agriculture, une nouvelle unité d’affaires chargée de concevoir des technologies Internet pour l’industrie agricole. Cette initiative faisait suite à une série d’acquisitions par TELUS qui, grâce aux compétences des sociétés acquises, exploite toute la gamme de produits, par exemple les logiciels de gestion agricole de précision, l’intégration de l’interface de programmation d’applications (API) et la traçabilité de la chaîne d’approvisionnement.

AgriWebb est-il également en voie de grossir les rangs de TELUS ou demeurera-t-il un acteur indépendant dans un avenir prévisible?

« Dans toute coentreprise, vous espérez que [l’investisseur] peut être un catalyseur de croissance. Par contre, vous ne voulez pas que votre croissance dépende seulement de lui, » affirme à l’AFN Justin Webb, le cofondateur et président-directeur du conseil d’administration de l’entreprise en démarrage.

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« J’espère que TELUS Agriculture et ses entreprises de portefeuille s’intégreront à [nos plans] et pourront être de merveilleux partenaires. Cependant, nous croyons que nous avons un modèle de croissance indépendante solide et que certains intervenants très efficaces, en dehors de TELUS, sont également déterminés à concrétiser l’avenir numérique de l’agriculture d’élevage. »

Pour sa part, AgriWebb semble avoir beaucoup à offrir au géant canadien de la technologie, même en tant que partenaire indépendant.

Tout d’abord, il y a la pénétration du marché et l’empreinte géographique considérables de l’entreprise en démarrage. Six ans après son lancement par Justin Webb et ses co-fondateurs, Kevin Baum et John Fargher, AgriWebb assure aujourd’hui le suivi de plus de 14 millions de bovins sur 100 millions d’acres dans le monde.

Les principaux marchés de l’entreprise en démarrage sont son Australie natale — où plus de 15 % du troupeau national est géré par sa plateforme — et le Royaume-Uni, où elle a fait son entrée à la fin de 2018 avec l’acquisition de FarmWizard, un homologue du Royaume-Uni.

AgriWebb a également ouvert un bureau en Amérique du Nord à Denver, aux États-Unis, en plus d’être présent au Brésil et en Afrique du Sud, selon M. Webb.

Un atout qui a probablement aussi attiré l’attention de l’entreprise de télécommunication TELUS est la technologie offerte par AgriWebb.

Au moyen d’un modèle de logiciel-service qui peut être intégré à l’IdO et qui accepte la saisie de données des utilisateurs, l’entreprise en démarrage recueille des données sur le terrain et l’étable, puis les soumet à des algorithmes d’apprentissage automatique.

Elle fournit ensuite des informations concrètes aux agriculteurs afin de les aider à savoir lesquels de leurs animaux procurent le meilleur rendement et comment optimiser leurs pâturages.

« Nous sommes en quelque sorte devenus un conduit central pour un écosystème de tous ces dispositifs d’IdO, que ce soit des drones, des satellites, des capteurs ou des balises électroniques. Les innovations sont fort nombreuses [mais] en fin de compte, ce que l’agriculteur veut voir, c’est de l’information contextualisée, dit M. Webb.

Il y a beaucoup de solutions individuelles en agriculture. C’est formidable de savoir combien un animal pèse à ce moment précis, mais d’autres questions sont beaucoup plus pertinentes, par exemple : Qu’a-t-il mangé? Quelle est sa génétique historique ? Quels pâturages a-t-il parcourus? Ensuite, l’agriculteur peut établir des projections, puis déterminer comment traiter cet animal au fil du temps en vue de sa rentabilité future, tandis que les détaillants et les consommateurs finaux peuvent gérer la prévisibilité de la chaîne d’approvisionnement. »

La plateforme d’AgriWebb permet également aux agriculteurs de contrôler les émissions de gaz à effet de serre (GES) de leurs activités. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’agriculture d’élevage représente environ 15 % des émissions mondiales de GES, dont plus de la moitié provient du bétail.

C’est ce qui, selon M. Webb, explique pourquoi la Clean Energy Finance Corporation — un instrument de placement axé sur le climat de 10 milliards de dollars australiens (7,78 milliards de dollars) soutenu par le gouvernement australien — a injecté 5 millions de dollars australiens (3,89 millions de dollars) dans le cycle de financement de série B de l’entreprise en démarrage.

« L’efficacité du modèle actuel de production de protéines animales vivantes peut grandement être améliorée, dit-il. Tout commence par l’animal lui-même, c’est-à-dire optimiser la génétique avant la conversion des aliments, puis pratiquer l’élevage sélectif pour rendre chaque animal, ou unité, plus efficace. »

Un autre aspect est l’adoption de pratiques de pâturage régénératives, que M. Webb décrit comme « une méthode éprouvée par l’histoire pour capter plus de carbone de l’atmosphère que l’animal n’en émet pendant son cycle de vie ».

« À mon avis, il est possible de profiter de ce potentiel incroyable pour la production durable de protéines, mais à une condition : Si vous ne pouvez pas le mesurer, vous ne pouvez pas le gérer ni effectuer le changement. »

AgriWebb consacrera une partie des fonds de série B à l’évaluation de nouvelles applications potentielles pour sa plateforme de données, en particulier dans les domaines de l’IdO et de l’agriculture régénérative. Il va également poursuivre son expansion internationale par l’adaptation de ses services existants à de multiples langues et paradigmes agricoles, ainsi que par des intégrations aux plateformes de conformité gouvernementales dans différents pays.

Une grande partie du reste du capital servira à développer davantage de produits, en particulier la fonction de « gestion individuelle des animaux » qui, selon M. Webb, permet aux agriculteurs de prendre des décisions à l’échelle de milliers ou de dizaines de milliers d’animaux gérés en groupe, mais compris à l’échelle individuelle.

Dans une déclaration, le vice-président à la direction de TELUS, François Gratton, a déclaré que la société canadienne a pour mission d’aider à nourrir le monde tout en améliorant la qualité et la sécurité de notre production alimentaire.

« En misant sur l’innovation [technologique] et la compassion humaine, nous croyons que nous pouvons améliorer la durabilité des chaînes d’approvisionnement partout dans le monde et qu’ensemble, Agriwebb et TELUS peuvent accélérer cette évolution dans l’industrie mondiale du bœuf », a-t-il ajouté.

AgriWebb a déjà reçu 14 millions de dollars australiens (10,2 millions de dollars) de la société d’investissement agroalimentaire du Royaume-Uni Wheatsheaf Group pour son cycle de financement de série A d’août 2018.