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Reconnaître la cyberintimidation fondée sur la race

23 mars 2021

Le mouvement Black Lives Matter de 2020 a fait prendre conscience tardivement, mais de façon très pertinente, des problèmes liés à la race qui existent depuis des siècles en Amérique du Nord et dans le monde entier. Le New York Times rapporte qu’il pourrait s’agir du plus grand mouvement de l’histoire des États-Unis. En effet, environ 500 000 personnes ont manifesté contre le racisme et l’injustice raciale dans près de 550 villes américaines le 6 juin 2020. Il y a eu des rassemblements pendant des semaines, non seulement aux États-Unis, mais dans de nombreuses provinces du Canada et dans des centaines de pays du monde entier.

Bien que la participation en personne du mouvement ait été à l’évidence forte et intégrée à la lutte pour la justice sociale, elle a été stimulée par une présence forte en ligne. Une analyse effectuée par Pew Research a révélé que près de 8,8 millions de tweets ont utilisé le hashtag #BlackLivesMatter dans les jours qui ont suivi la mort tragique de George Floyd, tué par un agent de police de Minneapolis. La communauté noire utilise depuis longtemps Twitter pour aborder des questions importantes et se mobiliser collectivement en faveur du changement social. Or, le mouvement et le hashtag Black Lives Matter ont transformé cet espace, le faisant passer d’une communauté numérique très nichée à un réseau puissant pour amplifier la conversation et permettre le partage, l’apprentissage, le dialogue et l’action. Le Mois de l’histoire des Noirs nous permet de poursuivre ces conversations cruciales, alors qu’il faut continuer à éliminer les préjugés fondés sur la race, institutionnels, systémiques et interpersonnels ainsi que la discrimination à cet effet.

Cela dit, alors que nous essayons de célébrer les Noirs dans le cyberespace, nous devons faire attention de ne pas faire plus de mal que de bien, souvent sans le savoir. Bien que les médias sociaux soient le véhicule parfait pour faire entendre leurs voix, ils peuvent aussi constituer une plateforme pour encourager des représentations injustes et néfastes des Noirs et l’appropriation de la culture noire. Les tendances comme le blackfishing et le blackface numérique sont des exemples de tels préjudices et peuvent être considérées à bien des égards comme une forme de cyberintimidation numérique fondée sur la race.

Il y a blackfishing lorsque des personnes qui ne sont pas Noires s’approprient la culture noire en faisant semblant d’être Noires ou en essayant d’apparaître comme telles. Il existe plusieurs procédés : bronzage ou maquillage pour avoir une peau plus foncée, port de coiffures (rallonges tressées, nattes collées, etc.), logiciel de retouche photo pour accentuer les traits du visage et du corps pour imiter ceux des Noirs. Le blackface numérique, un phénomène qui perpétue les inégalités raciales, consiste en une personne qui n’est pas Noire à utiliser des émojis, des gifs et des images de Noirs dans ses communications. Bien que souvent utilisé pour plaisanter et perçu comme étant inoffensif, le blackface numérique est problématique parce qu’il peut perpétuer des stéréotypes négatifs sur la communauté noire, en particulier ceux qui insinuent que les Noirs sont turbulents, agressifs, négligés ou « trop expressifs ». Ces tendances présentent un double standard : des non-Noirs sont souvent louangés pour avoir adopté la culture noire, tandis que les Noirs sont ridiculisés pour cela.   

Au fur et à mesure que nous prenons conscience de ces problèmes, il est important de reconnaître qu’il y a beaucoup d’espoir entourant la célébration de la culture noire en ligne. Les triomphes numériques du mouvement Black Lives Matter ont permis aux personnes autochtones, noires et de couleur (PANDC) ainsi qu’à leurs alliés de s’engager dans l’activisme politique sur d’autres plateformes auprès d’un public plus large tout en célébrant et en présentant la culture noire de manière appropriée. 

C’est la puissance du monde numérique. Utilisé à bon escient, il s’avère une formidable plateforme pour partager de l’information et favoriser le changement. La responsabilité nous incombe à tous d’utiliser les médias sociaux et nos communautés en ligne d’une manière positive.

Cette chronique a été rédigée pour TELUS par Domunique Lashay, fondatrice et directrice générale de For Everyone By Us Foundation.