Garder son sang froid durant la pandémie

COVID-19 · 6 mai 2020

Le deuxième mois d’éloignement physique s’amorce, et bon nombre d’entre nous ont à peine mis le nez dehors. Il ne faut donc pas s’étonner que plusieurs soient dans un état d’exaspération avancé.

Devant un ami, un proche, un collègue ou un client de mauvaise humeur, les risques que nous réagissions de manière impulsive avec la même irritation sont grands, surtout lorsque nous sommes d’une humeur tout aussi exécrable.

Mais lorsque nous avons affaire à des collègues ou à des clients potentiellement moins indulgents, il est plus que jamais essentiel de maîtriser nos réactions.

Avant de vous suggérer des façons de composer avec les personnes en colère ou anxieuses, j’aimerais vous rappeler ceci : les seules émotions que nous pouvons contrôler sont les nôtres. Nous n’avons aucune prise sur les réactions de notre conjoint, de nos enfants, de nos collègues ou de notre belle-mère. Si vous avez des enfants, rappelez-vous à quel point ils ont transformé votre vie dès le premier jour. Vous ne pouviez pas les contrôler alors, et il en va de même aujourd’hui. Essayer de maîtriser les réactions des autres est vain et frustrant, et cela peut mettre les relations en péril.

Personne d’autre que vous ne peut décider de vos réactions – y compris ce que vous pensez, dites ou faites – dans une situation donnée, même si parfois vous n’en avez pas l’impression. Acquérir cette compétence de vie, même à l’âge adulte, est non seulement possible, mais essentiel. Il faut aussi l’enseigner à nos enfants, directement et en donnant l’exemple.

Voici donc quelques conseils pour désamorcer les situations difficiles avec des personnes qui ont les émotions à fleur de peau. Toutefois, n’oubliez pas que malgré tous vos efforts, la réalité est que certaines personnes ne peuvent être apaisées ni raisonnées.

1. Avant tout échange, assurez-vous d’être dans le bon état d’esprit

Devant une personne anxieuse ou en colère, vous devez absolument reconnaître et accepter que vous n’êtes pas responsable de sa réaction émotionnelle. Ce détachement vous aidera à rester calme, à mettre vos émotions de côté et à réagir de façon rationnelle.

Il n’existe aucune réponse, aucun geste unique susceptible d’apaiser les personnes angoissées ou en colère, car la détresse émotionnelle ne disparaît pas d’un coup de baguette magique. L’écoute attentive, l’empathie et la patience sont les meilleurs outils dont nous disposons.

Il peut aussi être utile de se rappeler que l’état émotionnel dans lequel ces personnes se trouvent ne dure pas éternellement. La fureur qu’elles ressentent finira par s’estomper, au moins partiellement. En voyant les choses sous cet angle, vous aurez moins tendance à vous laisser influencer par la détresse émotionnelle d’une autre personne, et cela réduira votre stress.

2. Restez calme, et la personne que vous aidez retrouvera son calme plus facilement

En restant calme et détendu (sans toutefois vous montrer indifférent), vous augmentez les chances que la personne que vous aidez s’apaise et se détende également. Si vous savez que la conversion sera difficile, essayez d’entamer la conversation avec calme en pratiquant la relaxation passive. Vous pouvez aussi utiliser cette technique durant la conversation pendant que votre interlocuteur parle :

  • Respirez lentement et profondément.

  • Laissez tomber vos épaules et allongez le cou.

  • Évacuez la tension de vos mains et de vos bras… détendez-vous les doigts en les étirant.

  • Sentez le sol sous vos pieds et détendez-vous les orteils.

  • Décontractez votre visage et votre mâchoire.

Prenez soin de vous, une fois la conversation terminée, en utilisant la même technique. En même temps, essayez de visualiser un moment où vous vous êtes senti très confiant et détendu. La combinaison de ces exercices physiques et émotionnels peut être un puissant remède. Vous pouvez retrouver cet état de paix quand vous le souhaitez – cela ne prend que 90 secondes!

Mais comme toute bonne chose, vous devrez vous exercer un peu avant de pouvoir recourir à cette compétence lorsque vous êtes sous pression. Si vous en faites l’essai plusieurs fois par jour quand votre stress est moins élevé, cette technique finira par vous venir naturellement lorsque vous chercherez à garder votre calme dans les situations stressantes.

3. Parlez un peu plus lentement

Si vous avez tendance à parler rapidement, essayez de ralentir un peu votre débit, utilisez des phrases courtes et évitez d’employer un vocabulaire compliqué. Vous pouvez démontrer votre empathie et votre compréhension en paraphrasant le message de la personne et en établissant un lien entre ses paroles et les émotions que vous percevez.

Par exemple :

Personne en détresse : « J’attends de l’aide depuis des heures. Qu’est-ce qui ne va pas chez vous? »

Vous : « Je comprends le sentiment d’urgence et l’inquiétude que vous ressentez. En cette période occupée, l’attente est plus longue que ce que vous et moi souhaiterions. J’aimerais vous aider maintenant afin que nous trouvions ensemble une solution. »

Si la personne devient plus énervée, vous pouvez dire :

« Je comprends votre frustration. Beaucoup de gens se trouvent dans la même situation, et c’est désolant. Je vais faire de mon mieux pour vous aider à trouver une solution dès maintenant; si je n’y arrive pas, je ferai appel à mon équipe de soutien pour régler le problème de concert avec vous. »

4. Tenez-vous-en aux faits

Si la situation exige la communication de renseignements essentiels, vous devez absolument le faire avec franchise, transparence et honnêteté. Si vous savez qu’un retard considérable est à prévoir, vous devez l’admettre, reconnaître que la situation n’est pas idéale et dire sincèrement à la personne que vous comprenez sa frustration. La plupart des gens acceptent volontiers les erreurs et les retards, surtout durant une pandémie, mais personne n’aime se faire mentir ou se faire donner des renseignements qui se révéleront faux.

5. Nos expériences passées peuvent aider à prédire nos réactions émotionnelles en période difficile

À titre de psychiatre, je rencontre souvent des personnes en état de détresse avancée. Cette détresse s’exprime de plusieurs façons, y compris par la colère, les larmes et le retrait. Il est essentiel de savoir que les antécédents d’une personne peuvent influer sur ce qu’elle ressent et sa façon de réagir en période de stress.

Chez ceux et celles qui ont vécu des traumatismes graves ou traversé des épreuves importantes, la crise peut raviver d’anciennes craintes ou exacerber leur sentiment d’impuissance. Même si rien n’excuse la grossièreté ou l’intimidation, le fait de comprendre l’origine possible de tels comportements m’a aidée à y faire face et à ne pas m’offusquer des commentaires désobligeants ou impolis.

En résumé

  • Sachez que vous ne pouvez sauver personne. La seule chose que vous maîtrisez est votre capacité de contrôler vos pensées, vos sentiments et vos comportements, et d’établir les limites appropriées.

  • En vous détendant et en gardant votre calme, vous rendrez service à la personne en détresse et à vous-même.

  • Faites preuve de compréhension et d’empathie, et communiquez les faits.

Faites bien attention à vous,

Dre Diane

*Merci tout particulièrement à Randy Mackoff pour sa contribution à la publication. 

Auteur:
Diane
Dre Diane McIntosh
et chef des neurosciences, TELUS

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