Qu’est-ce que le trouble affectif saisoner (TAS)?
Personnel · 20 oct. 2020
Par Dylan Zambrano, thérapeute en santé mentale chez Akira par TELUS Santé, et Mary Polychronas, psychologue
Le changement de saison entre l’été et l’automne peut avoir un impact négatif sur notre humeur, mais se sentir léthargique, triste, irritable, démotivé ou simplement pas dans son assiette en automne et en hiver chaque année peut être un indicateur de dépression saisonnière, également connue sous le nom de trouble affectif saisonnier (TAS). Cette année, le stress et l’incertitude permanents causés par la pandémie de COVID-19 risquent d’exacerber ces symptômes saisonniers.
Statistiques
Environ 2 à 6 % des Canadiens souffriront de TAS au cours de leur vie.
Les femmes sont jusqu’à huit fois plus susceptibles que les hommes de rapporter qu’elles souffrent de dépression saisonnière.
Les habitants des pays du Nord sont plus susceptibles de souffrir de dépression saisonnière que ceux qui vivent plus près de l’équateur.
Le TAS a tendance à toucher plusieurs membres d’une même famille; la plupart des personnes atteintes de TAS ont au moins un proche parent avec des antécédents de dépression.
La prévalence de la dépression saisonnière est deux fois plus élevée en Amérique du Nord qu’en Europe.
La plupart des personnes qui développent un TAS commencent à ressentir des symptômes dans la trentaine.
On estime que 10 à 20 % de tous les troubles de l’humeur suivent un cours saisonnier.
La dépression saisonnière est un trouble de l’humeur qui revient chaque année à la même période. Le trait le plus identifiable du TAS est l’apparition suivie de la rémission des épisodes dépressifs : le TAS commence généralement en automne ou en hiver et se termine vers le printemps ou au début de l’été.
Malheureusement, le changement de saison de cette année coïncidant avec une période de la vie déjà difficile pour la plupart des Canadiens, certains pourraient être plus irritables, éprouver des difficultés de sommeil, de la fatigue et un manque de motivation cet automne et cet hiver.
Symptômes du TAS
Pour être diagnostiquée comme souffrant de dépression saisonnière, une personne doit répondre aux critères de dépression majeure pendant une saison spécifique, au moins deux années de suite. Selon le DSM-V (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e édition), au moins cinq des symptômes suivants doivent être observés et correspondre à un changement dans la capacité de fonctionnement d’une personne.
Au moins un des symptômes doit être i) une humeur dépressive, ou encore ii) une perte d’intérêt ou de plaisir à l’égard des activités préférées.
Humeur dépressive (sentiment de tristesse, de vide, de désespoir)
Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour ses activités préférées
Perte de poids (en l’absence de régime) ou prise de poids notable
Insomnie ou hypersomnie
Agitation ou ralentissement psychomoteur (sentiment de fébrilité ou de ralentissement)
Fatigue ou perte d’énergie
Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée
Diminution de l’aptitude à se concentrer ou à prendre des décisions
Pensées de mort ou idées suicidaires récurrentes avec ou sans plan précis
Les symptômes entraînent souvent une souffrance et une altération du fonctionnement en société, au travail ou dans d’autres domaines importants. Il est important de remarquer que, bien que le TAS ne soit pas fréquent chez les enfants et les adolescents, les symptômes pour ces groupes d’âge peuvent différer et inclure une humeur irritable plutôt que de la tristesse.
Qu'est-ce qui cause le TAS?
Le tempérament : Le TAS touche souvent les personnes ayant une affectivité négative élevée.
L’environnement : Les déclencheurs environnementaux peuvent comprendre des expériences négatives vécues pendant l’enfance et des événements stressants de la vie, comme la pandémie de COVID-19.
Des facteurs génétiques et physiologiques : Les facteurs héréditaires augmentent la probabilité d’épisodes dépressifs majeurs. Les troubles préexistants de l’humeur ou les troubles non liés à l’humeur, y compris la toxicomanie, les troubles de la personnalité et l’anxiété, sont également des facteurs déterminants.
Options thérapeutiques
Les personnes atteintes de TAS modéré ou grave choisissent souvent de rester « coincées » dans leur état, car la seule pensée de tenter quelque chose de différent accentue leur anxiété. Pour éviter cela, il est important de mettre en place de manière proactive des habitudes et des routines régulières et saines qui augmentent notre bien-être général et qui sont également connues pour diminuer les effets de la dépression saisonnière.
La mise en place de telles habitudes au début de l’automne nous aidera à mieux nous adapter aux circonstances actuelles de la pandémie, en particulier pendant les mois d’hiver.
Voici quelques exemples d’activités à inclure dans votre routine automnale et hivernale : entretenir des liens sociaux tout en respectant les protocoles de sécurité en vigueur, faire de l’exercice et manger sainement, adopter des techniques de soins personnels, pratiquer des techniques de relaxation comme la méditation ou le yoga, prendre du temps pour des activités ou des passe-temps qui suscitent un sentiment de joie et d’accomplissement, passer du temps à l’extérieur et s’exposer davantage au soleil, et développer ses aptitudes à exprimer de la gratitude.
Si vous pensez être atteint de dépression saisonnière, communiquez avec votre fournisseur de soins de santé de premier recours ou avec un professionnel de la santé par l’intermédiaire d’Akira par TELUS Santé. Les traitements peuvent varier d’une personne à l’autre et peuvent comprendre :
La thérapie cognitivo-comportementale (TCC), une forme de psychothérapie qui aide les individus à canaliser leurs pensées et leurs comportements d’une manière qui peut diminuer l’intensité et la durée de la dépression saisonnière.
La photothérapie, qui supprime la sécrétion de mélatonine dans le cerveau par une exposition quotidienne à une lumière de forte intensité.
La pharmacothérapie, par exemple avec des médicaments antidépresseurs qui peuvent s’avérer efficaces pour réduire ou éliminer les symptômes.
Comme la dépression saisonnière se manifeste généralement à la même période chaque année, des mesures dynamiques et préventives peuvent réduire ses symptômes ainsi que leur intensité et leur durée. Lorsque l’épisode dépressif est traité efficacement, les symptômes peuvent disparaître complètement.
Sources :
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Magnusson A, Partonen T. Prevalence.In: Partonen T, Pandi-Perumal SR, editors. Seasonal Affective Disorder. Practice and Research. 2nd ed. New York, NY: Oxford University Press; 2010:221–234.-/